Point de vue n° 078
Baie-Mahault, Zone industrielle et commerciale de Jarry, Pointe Morne à Savon (97122)
Point de vue mer
Mots clés
Unité paysagère
Vallons urbanisés de la confluence
Typologies spatiales
Espaces littoraux
Thématiques
Dynamiques de l’interface littorale, Zones d’activités économiques, touristiques et commerciales
Intentions photographiques
(point de vue non reconduit en juillet 2021 pour raisons techniques)
Analyse paysagère
Quand Jarry joue à cache-cache
Jarry est l’une des plus vastes zones industrielles et commerciales de France. C’est le poumon économique de la Guadeloupe, structurant les paysages de l’archipel, bien au-delà de ses limites physiques, en tant que point focal d’une large périurbanisation qui a boosté le développement des communes alentours, transformées (ou peu s’en faut) en cités-dortoirs. Difficile donc d’imaginer qu’il n’est finalement pas si simple de voir Jarry depuis le réseau routier principal. Sur le tracé de la RN 1, qui contourne Jarry sur près de 6 km, on voit Convenance, Moudong, Destrellan et le Morne Bernard et bien-sûr la Jaille, autant de quartiers et zones d’activités qui gravitent autour de Jarry, comme des extensions d’elle-même. Mais ce n’est pas vraiment Jarry, presque toujours cachée derrière un écran de forêt marécageuse.
Même constat depuis la mer, grâce à la mangrove côtière cette fois, celle de la Rivière Salée, se prolongeant vers le Sud jusqu’au Morne Savon. Au-delà, ce sont les quais de la Pointe Jarry, seule face de la zone industrielle livrée au regard depuis le littoral de Pointe-à-Pitre, de l’autre côté de la rade. Mais sur les eaux calmes du plan d’eau de Lauricisque, au fond du Petit Cul-de-Sac Marin, seules les deux grandes cheminées de la centrale électrique d’EDF (la principale de l’archipel) trahissent la présence de Jarry en arrière du manteau de mangrove qui orne les berges. Tour de passe-passe d’une nature illusionniste ou pudeur paysagère d’une zone industrielle et commerciale qui n’assume pas son empreinte prégnante sur le territoire ? En tout cas, Jarry aime jouer à cache-cache…
Emmanuel BRIANT,
paysagiste
avril 2020