Point de vue n° 091
Baie-Mahault, Zone industrielle et commerciale de Jarry (97122)
Mots clés
Unité paysagère
Agglomération urbaine Pointe-à-Pitre/Abymes
Typologies spatiales
Espaces urbains
Thématiques
Zones d’activités économiques, touristiques et commerciales, Affichage publicitaire, signalétique, réseaux aériens, Dynamique des espaces naturels
Intentions photographiques
La zone industrielle et commerciale de Jarry, véritable poumon économique de la Guadeloupe, s'est historiquement implantée sur des milieux naturels de type mangrove.
(Sylvain DUFFARD, septembre 2016)
Analyse paysagère
Le cœur émeraude de « l’île Papillon » est-il en train de disparaître ?
Le cœur émeraude du « Papillon » est-il en train de disparaître ?… En effet, Jarry et sa zone économique sont venus investir de manière brutale la mangrove et le cordon ombilical que constitue la Rivière Salée entre le Grand et le Petit Cul de Sac, véritables trésors pour la biodiversité de l’île.
La photo semble révélatrice d’un manque de prise de conscience ces dernières décennies de la valeur environnementale, paysagère, hydraulique et esthétique de la mangrove et des forêts hygrophiles associées. C’est bien connu, la mangrove est un écosystème qui porte de nombreuses fonctions vitales : station d’épuration naturelle, nurserie aquatique, rempart contre les vagues d’immersion et l’érosion des sols, régulateur thermique, régulateur hydraulique…
L’aspiration à une nature authentique est bien présente en Guadeloupe et n’attend qu’à être satisfaite en valorisant ces sites naturels et en les rendant accessibles aux habitants de l’agglomération. La nature est aux portes de la ville mais elle lui tourne actuellement curieusement le dos. C’est le cas pour Jarry, les Abymes et Baie-Mahault. La forêt et la mangrove restent encore trop souvent considérées comme des « pages blanches », des espaces d’extension de la ville sans valeur et sans avenir que l’on peut investir sans précaution.
Tout n’est pas perdu pour autant et un urbanisme responsable pourrait encore être compatible avec le maintien des qualités naturelles du site de Jarry en redéveloppant les trames ‘vertes’ et ‘bleues’ afin d’irriguer les quartiers existants par cette nature protectrice. Mais ce changement de modèle nécessite encore un travail d’acculturation et de prise de conscience d’une nature si proche et encore si mal considérée. Ce travail doit se faire auprès de la jeunesse et auprès des élus locaux qui représentent respectivement l’aujourd’hui et le demain de la Guadeloupe.
Olivier VAN POUCKE,
paysagiste-conseil de l’État
juillet 2020
La mangrove support(e) de publicité
La Zone Industrielle et Commerciale de Jarry-Houelbourg est le poumon économique de la Guadeloupe. Le développement prime sur tout y compris sur les milieux naturels quand bien même ils sont sensibles. Ainsi, l’écosystème de la mangrove subit la pression anthropique : remblai avec de vieilles carcasses de bus, station-service désaffectée ayant conservé ses cuves, peu à peu submergée par la montée des eaux de la mangrove, écoulement des eaux de ruissellement des voiries sans traitement, bouteilles en plastique le long des axes viaires…
Aujourd’hui, il ne reste que des lambeaux épars de mangroves et de la forêt marécageuse originelle. Des 249 hectares des années 50, la forêt marécageuse n’en occupe plus que 189 aujourd’hui, un quart a disparu en une soixantaine d’années...
Les agressions anthropiques ne se comptent plus et la prise de conscience de la nécessité de préserver ce milieu est lente. Le Conservatoire du Littoral engage d’ailleurs une réflexion pour la protéger en ce début 2020.
Un intérêt bien compris à la mangrove par les agences de communication est qu’elle ne gêne pas la vue sur les panneaux en 4x3. Les messages publicitaires sont lisibles et donc rentables. En 2016, un tiers de ces panneaux était hors-service, en 2018 tous ont retrouvé leur fonction.
Jean-Christophe ROBIN,
urbaniste
avril 2020