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OPP Archipel Guadeloupe Observatoire photographique des paysages de l’archipel Guadeloupe

OPP Archipel Guadeloupe
République Française

Veille photographique de la dynamique des paysages emblématiques, exceptionnels et quotidiens de l’archipel de la Guadeloupe

Baillif, Tour du Père Labat, Avenue du Père Labat (97123)

Mots clés

Unité paysagère

Plan incliné de la Basse-Terre

Typologies spatiales

Espaces urbains, Espaces littoraux

Thématiques

Infrastructures de déplacement, Zones d’activités économiques, touristiques et commerciales, Patrimoine historique et culturel, Affichage publicitaire, signalétique, réseaux aériens

Intentions photographiques

En vis-à-vis des vestiges de la Tour du Père Labat, classée monument historique, se déploie une zone d'activités par-delà laquelle on devine sur le coteau la distillerie Bologne et ses champs de canne environnants. Au-delà émerge de l'arrière-plan brumeux les contreforts des Monts Caraïbes. Cette succession, cette imbrication de motifs paysagers d'origine et d'époque extrêmement hétéroclite vient composer un paysage que cette représentation invite à questionner.
(Sylvain DUFFARD, septembre 2016)

Analyse paysagère


Une défense vulnérable

L'extension de l'urbanisation le long du littoral entre Baillif et Basse-Terre a conduit à la formation d'une unité urbaine dans laquelle a été absorbée la tour du père Labat. Symbole des débuts de la colonisation, elle a été construite en 1703 sous la direction du célèbre père dominicain, connu pour ses compétences en ingénierie dans les domaines militaires et agro-industriels. La tour, qui ne mesure que 4 mètres de haut, est un ouvrage défensif qui visait à protéger Baillif et Basse-Terre des attaques de la flotte anglaise. Les quatre embrasures sont dirigées vers le nord-ouest et le sud-ouest et non directement face à la mer, de manière à anticiper l'arrivée des bateaux ennemis, généralement en provenance de Vieux-Fort ou de Deshaies. Plusieurs ouvrages de ce type, complétés par des batteries, ont été édifiés au XVIIIe siècle pour la défense de la Guadeloupe et la protection de son activité économique. Celui-ci a été très tôt identifié comme un élément important du patrimoine de l'archipel et a bénéficié d'une inscription au titre des monuments historiques dès 1979. La tour du père Labat est bien connue des Guadeloupéens, figure dans tous les guides touristiques. Mais, à l'étroit entre le rivage et la route, bordée par un parking, elle ne bénéficie pas de conditions favorables à sa mise en valeur. Ses canons désarmés tournant le dos à la mer, elle semble établir un dialogue étrange avec les aménagements qui lui font face : l'aérodrome, l'habitat et la zone d'activités commerciales.

Séverine LABORIE,
Conservatrice du patrimoine
mai 2019


La mise en valeur du patrimoine

Si seulement la tour n’existait pas, on aurait pu agrandir le stationnement idoinement situé en bordure de nationale et à proximité d’activités économiques. C’est ainsi que l’on pourrait analyser cette prise de vue tant le tout automobile s’impose aux paysages, surtout urbains. La tour du Père Labat, puisqu’il s’agit du nom de ces vestiges du patrimoine militaire, se retrouve par défaut dans un environnement urbain peu propice à sa mise en valeur. Elle est ressentie comme une contrainte à l’aménagement urbain : la bordure délimitant le parking est implantée à quelques centimètres de sa base.

En aucune façon elle n’est valorisée : qu’est-ce qui justifie l’absence d’explication historique ? Que signifie l’ancre de marine appuyée contre le mur ? Pourquoi un seul et unique cocotier ? Autant de questions qui montrent le peu d’intérêt pour le patrimoine alors même que l’archipel est une destination qui se veut touristique.

Cette caricature d’une mise en valeur de ces vestiges doit nous interpeller collectivement dans notre relation à l’Histoire.

Jean Christophe ROBIN,
urbaniste
avril 2020

Localisation