Intentions photographiques

A l'arrière du site classé de la Plage de Grande Anse se trouve un alignement de petits commerces (cafés, petites restauration,…) que jouxtent de nombreux emplacements de stationnements très sommairement matérialisés au sol. C'est de ce point de vue que j'ai choisi de questionner la réalité contemporaine du site et, dans le temps, l’évolution de son aménagement.
(Sylvain DUFFARD, septembre 2016)

Analyse paysagère

Comment gérer l’accueil du public sur un Site Classé ?

Avec ses 1300 m de sable doré, formant un arc parfait surmonté d’un ourlet de végétation, la plage de Grande Anse est un site touristique majeur de l’archipel. Le paysage qu’elle dessine en fond de baie, avec le dôme forestier du Gros Morne, est particulièrement remarquable quand on l’admire depuis le point de vue de Gadet. Ces caractéristiques paysagères exceptionnelles lui ont valu d’être le premier Site Classé de Guadeloupe en 1980. Mais ce sont aussi des qualités appréciées des visiteurs qui sont nombreux, touristes comme résidents, à venir profiter de l’immensité de la plage et de la beauté du cadre, le week-end et les jours fériés.

En cela, les photos présentées ici ne sont pas forcément révélatrices de la très forte affluence du site certains jours. Elles posent néanmoins précisément la question de cet accueil d’un public nombreux sur un site protégé, à la fois au titre des paysages (Site Classé) et de la biodiversité (ZNIEFF, Conservatoire du Littoral, Espace Remarquable du Littoral). Aujourd’hui, l’accueil du public se fait au dépend de la qualité du site, notamment sur la zone d’arrière-plage où le traitement architectural des locaux commerciaux et la gestion du stationnement entre autres gagneraient à être optimisés.

Le stationnement impacte aussi le patrimoine arboré du site, comme en atteste les photos de 2016 et 2018. Les souches des arbres abattus sont supprimées à leur tour ; les surfaces compactées augmentent en arrière-plage qui est de moins en moins ombragée. L’identité paysagère du site dans son ensemble risque d’être impactée à terme.

La problématique est d’autant plus délicate ici que le recul des zones carrossables n’est pas évident à décider a priori, la plage étant bordée, en arrière, par une lagune et des zones humides de grande valeur écologique. Pour autant, la définition concertée d’un projet d’aménagement durable et respectueux du site semble plus que jamais une nécessité impérieuse, même si les enjeux économiques risquent de compliquer l’émergence de ce projet et sa mise en œuvre opérationnelle. Les prochaines reconductions de l’observatoire seront les témoins de l’ambition réellement déployée pour le site de la plage de Grande Anse…

Emmanuel BRIANT,
paysagiste
avril 2020

Localisation