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OPP Archipel Guadeloupe Observatoire photographique des paysages de l’archipel Guadeloupe

OPP Archipel Guadeloupe
République Française

Veille photographique de la dynamique des paysages emblématiques, exceptionnels et quotidiens de l’archipel de la Guadeloupe

Bouillante, Site classé de l'Anse à la Barque (97125)

Mots clés

Unité paysagère

Reliefs boisés de la Côte Caraïbe

Typologies spatiales

Reliefs et massifs forestiers, Espaces littoraux

Thématiques

Sites emblématiques et remarquables, Dynamiques de l’interface littorale, Infrastructures maritimes

Intentions photographiques

Le point de vue adopté sur l'Anse à la barque est classique. Seul le choix de laisser entrer dans le cadre, en partie gauche de l'image, l'espace depuis lequel est aujourd'hui réalisé la majorité des photographies de ce site remarquable répond à la volonté de questionner sur le long terme le site et sa "mise en scène".
(Sylvain DUFFARD, septembre 2016)

Analyse paysagère


Beauté et quiétude d’un emblème de la Côte Sous-le-Vent

L’Anse à la Barque est un haut lieu du paysage de la Côte Sous-le-Vent, un point d’arrêt presque obligé pour le visiteur qui suit l’itinéraire sinueux de la RN 2, au gré du relief découpé de la côte Caraïbe de la Basse-Terre. L’Anse à la Barque séduit au premier regard par l’harmonie de son paysage, avec cette anse profonde qui pénètre entre les crêtes boisées du relief, animant le vert de la végétation par une myriade de bleus dégradés avant de mourir sur le fin ourlet clair de la plage de sable gris et de galets. Le caractère pittoresque du lieu est indéniable et c’est la raison pour laquelle c’est un Site Classé depuis 1980.

Le point de vue est typique : c’est en effet depuis la Pointe de l’Anse, au Nord, qu’on a la vue la plus complète du site et nombre de visiteurs prennent à peu près la même photographie. Le point de vue est même indiqué sur la carte de l’IGN. De là on saisit bien le dessin de la vallée qui prolonge l’anse à l’intérieur des terres, dans un vert uniforme bien que vibrant de teintes variées, surtout pendant le Carême, quand certains arbres se dénudent. On ne peut que regretter, dès lors, le fort impact visuel du groupe de maisons implantées en crête du Morne Marigot, seul élément qui vient rompre l'identité naturelle et l'homogénéité du paysage du Site Inscrit qui s’étire en arrière de l'anse.

Les épisodes d’échouages massifs de sargasses, comme en 2018, viennent perturber ce paysage patrimonial quand ils touchent aussi les petites anses de la Côte Sous-le-Vent, mieux abritées des courants marins d’habitude. Les saintoises et les voiliers de plaisance ne sont plus seuls alors sur le plan d’eau calme de l’Anse à la Barque et la masse d'algues brunes vient rompre le contraste net entre le bleu du lagon et le vert tendre de la cocoteraie en arrière-plage.

Emmanuel BRIANT,
paysagiste
mai 2020


Le délaissé de la Pointe de l’Anse : un belvédère privilégié, incarnation des multiples enjeux que soulève l’Anse à la Barque

L’Anse à la barque a de tout temps suscité l’intérêt. De son histoire commerciale, maritime et militaire intense reste aujourd’hui de multiples vestiges qui jalonnent secrètement l’ensemble du site classé. Elle incarne un réceptacle pour la mémoire collective mais la pérennité est menacée et son appréciation historique, écologique et paysagère est sous-valorisée.

La RN2 parcoure le site de bout en bout. Dans ce paysage équilibré et nuancé, elle suit la mer en corniche et marque de son empreinte sonore et visuelle un espace naturel et atypique. Devant nous, le regard glisse vers la surface de l’eau paisible et abritée où mouillent quelques embarcations de taille menue. Le site inscrit, profond, dessiné par la Ravine Renoir et homogène dans sa couverture végétale, incarne les coulisses de la scène qui se déroule au premier plan. Le site inscrit supporte le site classé.

Pourtant, derrière nous, se trame un autre spectacle. Les véhicules en provenance de Monchy s’engagent négligemment dans la descente vers la cocoteraie. Ceux de Marigot abordent la montée à pleine vitesse, le tournant et la perspective d’une ligne droite dégagée grisant les conducteurs aguerris. Cet axe routier fréquenté gêne l’appréciation du site pour les courageux et rares piétons qui le parcourent encore. Cependant, il se place également comme médium privilégié pour le découvrir. Ainsi, le délaissé de la Pointe de l’Anse constitue un arrêt-minute prisé dont le stationnement se décide néanmoins brusquement, le temps de le repérer et de bifurquer sans ménagement. L’arrêt s’inscrit dans un ensemble « d’îlots d’intérêts » souvent repliés sur eux-mêmes.

Il permet la contemplation succincte d’un panorama grandiose.

En effet, l’Anse à la Barque interpelle mais la promenade n’est pas acquise. Ici, la balustrade contient les déplacements. On s’arrête et on repart. Les espaces morcelés qui constituent son panel d’ambiances et d’usages se regardent mais dialoguent peu.

Lucie PEIGNEUX,
étudiante de l'école nationale de la nature et du paysage de Blois
juin 2021




illustration Lucie Peigneux

Localisation