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OPP Archipel Guadeloupe Observatoire photographique des paysages de l’archipel Guadeloupe

OPP Archipel Guadeloupe
République Française

Veille photographique de la dynamique des paysages emblématiques, exceptionnels et quotidiens de l’archipel de la Guadeloupe

Sainte-Anne, Route de Bouliqui, Grands Fonds (97180)

Mots clés

Unité paysagère

Grands-Fonds

Typologies spatiales

Reliefs et massifs forestiers, Espaces ruraux

Thématiques

Dynamiques de l’interface périurbaine, Industries, carrières, énergie, Dynamique des espaces naturels

Intentions photographiques

Les Grands fonds, unité paysagère ô combien remarquable, sous-entité du territoire guadeloupéen au caractère bien trempé, est ici évoquée depuis les abords de la route de Bouliqui, en aval du lieu-dit Barot.
(Sylvain DUFFARD, septembre 2016)

Analyse paysagère


Improvisation

Habiter à proximité des réseaux est une nécessité.
Cette construction probablement spontanée, est alimentée en électricité, accessible par la route et il reste de la place derrière pour agrandir.
Ce type d’improvisation est si courant dans les Grands-Fonds que ce territoire vallonné arrive à saturation complète de ses infrastructures. Une prise de conscience s’opère heureusement sur les qualités de ce secteur dont la mise en valeur reste à faire !

Aline HANNOUZ,
architecte-conseil de l’Etat (ACE)
décembre 2017


Du front de taille ou de la maison, lequel était le premier ?

Le point de vue illustre l’urbanisation linéaire typique des Grands Fonds, généralisée sur une large partie du réseau routier qui sillonne le massif. Ici, il s’agit de la RD 105, au lieu-dit Barot, précisément à la limite entre la sous-unité paysagère des « coulées » des Grands Fonds (Bouliqui) et celle des crêtes, plus à l’Est (Lambert). Mais la photo aurait pu être prise à bien d’autres endroits des Grands Fonds tellement la situation est commune et récurrente.

Ce qui est marquant sur ce point de vue, c’est d’abord le front de taille en arrière de la maison, à gauche de la route. La construction de cette maison, qui n’existait pas en 2002, a nécessité de tailler le morne pour dégager une plateforme suffisamment grande. Les matériaux enlevés ont certainement été vendus, le tuf étant recherché pour les chantiers de BTP, s’assimilant parfois à une activité déguisée de prélèvement de tuf, en marge de l’exploitation légale des carrières autorisées. Mais on pourrait aussi imaginer que la maison a, en réalité, profité de la plateforme résultant d’un prélèvement illicite de tuf, antérieur. Du projet immobilier ou de l’exploitation de la ressource du sous-sol, il est parfois difficile de savoir lequel était le premier.

Quoi qu’il en soit, c’est une négation du relief originel et si singulier des Grands Fonds, au détriment de l’identité paysagère locale. L’impact visuel est fort depuis la route, se cumulant avec l’impact du bâti qui n’en paraît que plus malvenu, comme étranger dans ce paysage de mornes boisés et de vallées étroites où on a de plus en plus de mal à percevoir la vocation agricole historique de cet ancien « grenier de la Grande-Terre ».

A part l’enduit et la peinture du rez-de-chaussée, la maison du premier-plan n’a pas évolué tant que ça entre 2017 et 2018, date à laquelle elle ne semble toujours pas achevée : les fers à béton et les planches de coffrage de l’étage attendent la suite des travaux de maçonnerie. C’est un exemple typique des maisons construites en « coup de main », avec l’aide d’amis et de cousins, sans toujours respecter les règles de l’art et les normes parasismiques notamment. Pas certain d’ailleurs que cette construction ait un permis de construire, comme c’est hélas assez souvent le cas dans les Grands Fonds mais aussi dans d’autres secteurs de Guadeloupe.

Emmanuel BRIANT,
paysagiste
mai 2020

Localisation