Point de vue n° 025
Petit-Bourg, Rivière Bras David (97170)
Point de vue sonore
Mots clés
Unité paysagère
Vallons urbanisés de la confluence
Typologies spatiales
Reliefs et massifs forestiers
Thématiques
Sites emblématiques et remarquables, Rivières, ravines, étangs, mares, canaux, Équipements et espaces publics
Intentions photographiques
Réalisée dans le lit même de la rivière Bras David, la scène de baignade prend place au beau milieu d'un chaos rocheux. Seule la survenue de quelques carbets en partie droite de l'image révèle le caractère aménagé du site.
(Sylvain DUFFARD, septembre 2016)
Analyse paysagère
C’est dimanche !
Même sans écouter la séquence sonore qui accompagne la photographie, ce paysage fait partie de ceux que l’on ne peut pas voir sans les entendre. Bien sûr, tout se tient dans les détails, les carbets partiellement dissimulés dans la ripisylve, les personnages dans le lit de la rivière, pour se baigner ou pour profiter de l’instant, du lieu, de l’ambiance… Ce paysage évoque les cris d’enfants, les éclaboussures et jeux d’eau, les rassemblements familiaux, la pause dominicale et la quête de fraîcheur.Voici bien pour moi, une représentation d’un paysage familial, si cette catégorie existait. Et pourquoi pas ? Je le classerai pour ma part, ni dans un paysage « remarquable », ni dans un paysage quotidien. Mais dans un troisième type : un paysage « d’entre-nous », celui qui est « plébiscité », partagé, et qui se prête aux invitations et aux souvenirs immortalisés.
Dans une autre temporalité, à quelques jours ou quelques heures près, le paysage retrouvera sa quiétude, et un bruit accordé à son tempérament lunatique, furieux en temps de pluie, apaisé (même trop) en période de carême… Et alors le paysage raconterait une toute autre histoire, celles de ces pierres aux angles arrondis par l’eau et leur voyage.
Yolande GUYOTON,
Paysagiste Conseil de l’Etat
juillet 2017
Allons à la rivière !
La tradition du bain de rivière est très ancrée en Guadeloupe, bien avant l’affluence « moderne » sur les plages de l’archipel, en témoignent les cartes postales du début du 20e siècle (cf. ci-dessous).
« Aller à la rivière », encore aujourd’hui, c’est prendre un bon bol d’air pur, au cœur de la forêt de Basse-Terre ; c’est se déconnecter de la vie urbaine et des tracas du quotidien, le temps d’une grillade ; c’est l’évasion en famille et entre amis, dans la joie et la bonne humeur, au milieu des cris d’enfants et des rires décomplexés, qui couvrent par moment le bruissement du vent dans les feuillages et la musique si caractéristique de l’eau de la rivière, entre les rochers. L’enregistrement sonore le confirme mais les photos parlent d’elles-mêmes.
Les carbets en bois, installés sous les grands arbres, sont là pour accueillir ces usages traditionnels. Mais l’aire de pique-nique de la Rivière de Bras David c’est aussi un site touristique majeur, tout proche de la Maison de la Forêt, de la Cascade aux Ecrevisses et de plusieurs traces en forêt. Les visiteurs, souvent seuls en semaine, se mêlent donc aux résidents le week-end et pendant les vacances, dans une grande affluence les jours de beau temps.
Et c’est là tout le compromis délicat : accueillir ce public nombreux, dans des conditions suffisantes de confort et de sécurité, au cœur du Parc National de Guadeloupe et de son patrimoine naturel exceptionnel, réserve mondiale de biodiversité. C’est une problématique qui se pose à chaque gestionnaire de site naturel prisé par le public et qui nécessite de déployer, ici comme ailleurs, des efforts répétés de pédagogie et de sensibilisation à l’environnement, pour que chacun puisse, encore longtemps, profiter des joies de la rivière à Bras David.
Emmanuel BRIANT,
paysagiste
mai 2020