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OPP Archipel Guadeloupe Observatoire photographique des paysages de l’archipel Guadeloupe

OPP Archipel Guadeloupe
République Française

Veille photographique de la dynamique des paysages emblématiques, exceptionnels et quotidiens de l’archipel de la Guadeloupe

Basse-Terre, Rivière aux Herbes, Rue Vincent Campenon (97100)

Point de vue historique

Mots clés

Unité paysagère

Plan incliné de la Basse-Terre

Typologies spatiales

Espaces urbains

Thématiques

Reconquête et dévitalisation des centres-bourgs, Rivières, ravines, étangs, mares, canaux, Infrastructures de déplacement, Affichage publicitaire, signalétique, réseaux aériens

Analyse paysagère


Quand l’ingénierie technique dessine seule le paysage urbain

Le paysage est en perpétuelle dynamique et sans doute en ville plus qu’ailleurs encore. Un certain nombre de ces changements se font par petites touches, pour redessiner le tableau au fil des années. Sur un pas de temps suffisamment long, la transformation du paysage peut être impressionnante.

Un siècle sépare les photos récentes de la Rue Campenon, à Basse-Terre, de la prise de vue historique présentée ici. Bien-sûr on reconnaît le site ; et pourtant presque tout a changé ! La ville s’est reconstruite sur elle-même, maison après maison, le pont a été refait et probablement élargi, le réseau électrique aérien et l’éclairage public se sont (trop) développés… Le grand mur de l’Évêché est resté, en rive Nord de la Rivière aux Herbes, constituant le principal élément de stabilité dans ce paysage urbain transformé.

C’est certainement le paysage de la Rivière aux Herbes qui a le plus changé et là les transformations sont de grande ampleur ! La berge Sud a été complètement redessinée, en gagnant plusieurs mètres sur le lit du cours d’eau pour faire passer une rue carrossable, doublée d’un rang de stationnement et d’un trottoir. Et surtout, le lit de la rivière a été intégralement bétonné !

La photo ne livre pas l’explication de tels travaux, œuvre d’un ingénieur zélé. Le résultat est un paysage qui a perdu toute vie ! C’est avant tout une atteinte extraordinaire sur la biodiversité si riche des lits de rivières, en ville comme ailleurs, l’impact étant local, sur la zone bétonnée, mais aussi en amont et en aval car les échanges biologiques sont totalement coupés désormais entre la mer et les hauteurs du cours d’eau.

Il n’y a plus de vie sociale ni d’animation paysagère non plus ! Bien-sûr, on ne s’attendait pas à retrouver aujourd’hui les femmes en train de laver et faire sécher leur linge sur les berges, mais il y avait certainement des pêcheurs dans cette rivière avant son bétonnage massif, peut-être aussi des enfants jouant dans l’eau, des animaux venant s’y désaltérer, et tout un cortège de plantes poussant et fleurissant au gré des saisons. On a perdu tout ça aussi, parce qu’un jour l’ingénierie technique a pris le pas sur le projet d’aménagement, décidant seule du devenir du site au lieu d’être, « seulement », une des problématiques d’un projet global à inventer ensemble.

Emmanuel BRIANT,
paysagiste
mai 2020

Localisation