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OPP Archipel Guadeloupe Observatoire photographique des paysages de l’archipel Guadeloupe

OPP Archipel Guadeloupe
République Française

Veille photographique de la dynamique des paysages emblématiques, exceptionnels et quotidiens de l’archipel de la Guadeloupe

Trois-Rivières, Pointe de la Grande Anse, Rue de la Batterie (97114)

Mots clés

Unité paysagère

Terrasses du sud

Typologies spatiales

Reliefs et massifs forestiers, Espaces littoraux

Thématiques

Dynamiques de l’interface littorale

Intentions photographiques

Le littoral est ici soumis à un vent soutenu. En témoigne les formes végétales qui surplombent la falaise visible à droite de l'image. La scène de pêche "à la senne" apporte une profondeur historique à la vue.
(Sylvain DUFFARD, septembre 2016)

Analyse paysagère

Au vent


Voici un paysage façonné plus par les aléas que par l’homme. La force éolienne a dompté, sculpté la végétation, au point que, même sans le moindre souffle, le paysage reste profondément marqué, comme figé dans une posture « au vent ».

Les signaux d’alerte sont nombreux, un chaos des blocs échoués, les falaises se disloquent en arrière plan, exposant leur flanc. Même les arbres se cabrent, se plient… jusqu’au seuil de rupture où ils finiront par rompre.

Avec le temps, le lieu devient de plus en plus hostile à l’homme et à « l’habiter ». Il faut céder du terrain, reculer dans les terres, se soustraire à un littoral trop exposé.

Mais le lieu reste fascinant, et propice à la pêche au pisquet, les lendemains de grand vent.

Association savoureuse :

Visite de la Soufrière par R.P LABBAT (dit le Père LABBAT), VOYAGE AUX ÎLES FRANÇAISES DE L’AMÉRIQUE. 1722

« Tous les pays situés entre les deux tropiques n’ont que deux saisons : celle des pluies, et celle de la sécheresse. On regarde la première comme l’hiver et la seconde comme l’été. Du reste, la chaleur est à peu près égale dans les deux saisons. Ce sont les pluies qui rendent les terres fertiles ; on voit alors tout reverdir et se renouveler. Mais cet avantage est contrebalancé par la crainte des ouragans qui n’arrivent jamais que dans cette saison, c’est-à-dire, depuis le 20 juillet jusqu’à la mi-octobre.
Aussitôt que les pluies ont commencé, on trouve les embouchures des rivières, et toutes les roches qui sont dans les environs, ou dans leur lit, couvertes d’une infinité de petits poissons de toutes espèces, qui ne sont pas plus grands et guère plus gros que de grosses épingles. On appelle ces petits-poissons du nom de Titeri à la Martinique ; je crois que ce terme est caraïbe. On les nomme Pisquet à la Guadeloupe. Dans les premiers jours ils sont blancs comme neige, peu à peu ils grossissent et deviennent gris, et ne sont plus si délicats. La pêche en est fort facile. Quatre personnes saisissent un linceul par un coin, et le tenant étendu elles le maintiennent entre deux eaux, aux endroits où elles voient fourmiller une plus grande quantité de ces poissons, et l’élevant en l’air, elles en prennent des milliers. Les poissons qui s’attachent aux roches sont encore plus faciles à prendre, car on n’a qu’à les faire tomber avec la main dans un vase que l’on tient dessous. L’abondance et la délicatesse de ce poisson fait que tout le monde en mange, bouilli, frit, ou en beignets ».


Yolande GUYOTON,
Paysagiste Conseil de l’Etat
juillet 2017


Sérénité du bord de mer


Spectacle apaisant et serein du bord de mer avec des usages que l’on pourrait qualifier d’ancestraux : un pêcheur observé par un autre adulte et en retrait par deux enfants qui, peut-être, reproduiront les mêmes gestes plus tard…
Difficile de dater cette photo tant il y a peu de marqueurs temporaux hormis les vêtements…

Au-delà du côté cliché, on observe le recul du trait de côte avec la houle que l’on imagine puissante par moment et plus encore lors des phénomènes climatiques majeurs, comme l’atteste la photo prise en octobre 2017 après le passage de Maria. De même, les falaises, au loin, s’érodent et tombent peu à peu dans la mer.

A noter l’anémomorphose* des paysages le long de la côte qui ajoute à la dimension poétique de la prise de vue (* Modification de la forme des paysages végétaux sous l’effet des forts vents dominants).

Jean Christophe ROBIN,
urbaniste
avril 2020

Localisation