Point de vue n° 053
Port-Louis, Place de l'église, Boulevard Achille René Boisneuf (97117)
Mots clés
Unité paysagère
Plateau de Sainte-Marguerite
Typologies spatiales
Espaces urbains
Thématiques
Reconquête et dévitalisation des centres-bourgs, Équipements et espaces publics, Patrimoine historique et culturel
Intentions photographiques
Si cette image donne à voir, ou du moins évoque, l'hétérogénéité du bâti, la présence de "dents creuses", motifs emblématiques pourrait-on dire du Port-Louis contemporain, l'enjeu est simultanément de porter un éclairage sur un espace public qui a récemment fait l'objet d'un projet d'aménagement, à savoir le parvis de l'église Notre Dame-du-Bon-Secours.
(Sylvain DUFFARD, septembre 2016)
Analyse paysagère
Le front de mer de Port-Louis
Cette vue, en arrière du front de mer de Port-Louis, montre le rôle du végétal pour magnifier le bâti. Les verticales de l’église jouent avec la verticale du palmier royal. De la même façon, le mobilier urbain extrêmement sobre participe de cette cohérence d’ensemble sans perturber la vue sur l’élément fort, à savoir l’église et son parvis.
Les aménagements urbains (mobilier urbain et paysagement) doivent se faire en cohérence avec le tissu urbain, ils doivent s’insérer et nullement venir en rupture. Il est important de s’appuyer sur l’existant pour venir composer avec, c’est un travail de dentelle qui permet une imbrication des interventions, des époques de construction de la ville et participe d’un cadre de vie. L’intervention de l’urbaniste, de l’architecte ou du paysagiste devrait toujours être respectueuse du site, travailler avec et non rechercher la rupture que l’on qualifie dans ces cas de « geste conceptuel » pour la justifier. Les bourgs de Guadeloupe sont trop petits et trop récents pour justifier de tels actes souvent peu respectueux de leur histoire, de la sociologie, des usages et des paysages environnants.
Hélas, au premier plan, une dent creuse mettant en valeur un mur pignon non peint gâche quelque peu avec la construction en bois vacante. Les aménagements réalisés donnent l’impression ainsi d’un aménagement qui n’est pas fini.
Le projet de restructuration et de réaménagement du front de mer de Port-Louis a plus de 12 ans, et il n’est toujours pas terminé. Les atermoiements liés aux financements, les concertations parfois tendues (il est difficile de projeter des habitants vers un nouvel aménagement alors qu’ils connaissent le bourg depuis leur naissance dans la même configuration … Le changement peut être source de crainte et de crispation) et les actions connexes (sur le foncier, sur le plan de circulation) imbriquées et parfois chronophages font que les travaux s’éternisent, donnant ainsi l’impression pour les habitants de vivre dans un perpétuel chantier, et donc de rejeter peu à peu toute idée de restructuration.
Jean Christophe ROBIN,
urbaniste
avril 2020