Point de vue n° 057
Le Moule, Petite Anse, Rue du Commandant Cousteau (97160)
Mots clés
Unité paysagère
Plateaux de l'est Grande-Terre
Typologies spatiales
Espaces urbains, Espaces littoraux
Thématiques
Rénovation, réhabilitation urbaine, Dynamiques de l’interface littorale
Intentions photographiques
Ce secteur rocheux du littoral du Moule, largement exposé aux vents, constitue l'un des secteurs RHI (résorption de l'habitat indigne) de la commune. En arrière-plan de la vue, plusieurs émergences bâties nous renseignent sur la proximité directe du centre historique du Moule. Le premier-plan, comme celui intermédiaire de la vue, laisse place aux évolutions à même d'intervenir dans les années à venir sur cette portion du littoral.
(Sylvain DUFFARD, septembre 2016)
Analyse paysagère
La ville face aux changements climatiques
Le front de mer du Moule subit une érosion régulière liée d’une part aux phénomènes naturels récurrents (les cyclones et tempêtes tropicales), et d’autre part à la puissance naturelle de l’océan Atlantique. Le Moule, dans son histoire récente, a connu nombre de phénomènes cataclysmiques, le plus marquant étant sans conteste le cyclone Hugo en 1989.
Après Hugo, le centre-ville ayant été détruit à plus de 90 %, il a fallu intervenir dans l’urgence sur tous les fronts pour reconstruire la ville. Les quartiers du littoral ont ainsi fait l’objet d’une opération de Résorption de l’Habitat Insalubre. Certes les conditions de vie des habitants nécessitaient une intervention, mais lorsqu’on se projette sur le long terme, on peut se poser la question de la pertinence d’une telle opération à court/moyen terme. Il fallait intervenir, mais à long terme, ne faudrait-il pas envisager une « désurbanisation » ?
Les temps longs de mise en œuvre se télescopent dans le cas présent : aujourd’hui ce sont les dernières phases de la RHI qui pourraient démarrer alors que les changements climatiques (hausse des océans et présence régulière des sargasses entre autres) imposeraient une déconstruction de ces quartiers. La prise de conscience puis la concertation avec les habitants vont être des étapes primordiales pour esquisser la ville de demain. Il va falloir expliquer que les logiques d’intervention sont à la croisée de plusieurs approches qui se contredisent au vu des connaissances actuelles.
Jean Christophe ROBIN,
urbaniste
avril 2020