Point de vue n° 098
Anse-Bertrand, Lagon de la Porte d'Enfer (97121)
Mots clés
Unité paysagère
Plateau de Sainte-Marguerite
Typologies spatiales
Espaces littoraux
Thématiques
Sites emblématiques et remarquables, Dynamiques de l’interface littorale
Intentions photographiques
Pour reprendre les mots de Raphaëlle Bertho dans son désormais fameux article "L'injonction paysagère": "L'esthétique de carte postale désigne un monde fictif (…)". Le paysage étant envisagé, représenté, promu, vendu... - comme intemporel, immuable. Cette image reprend volontairement les codes de la carte postale pour mieux les détourner. Ayant pris soin de placer dans le cadre, au premier plan, un banc tout entier dévolu à la contemplation du paysage, la mise en scène de ce paysage grandiose est volontairement soulignée. Quant aux cocotiers, motifs incontournables de l'iconographie touristique des Antilles, il faut aller les chercher dans le détail de la chemise bleue et jaune qu'arbore l'homme, mains sur les hanches, visible au centre de l'image.
(Sylvain DUFFARD, septembre 2016)
Analyse paysagère
Bienvenue en enfer
« Lagon de la Porte d’Enfer » : historiquement la toponymie évoque la grande agitation de la mer en sortie du lagon mais lors d’échouages massifs d’algues sargasses, comme en 2018, les mots peuvent prendre un autre sens et cette fois l’enfer est bel et bien dans le lagon ! Dans ces conditions, même une courte visite est délicate tellement l’odeur des algues en décomposition est insoutenable.
D’ordinaire, ce site naturel est un haut lieu du tourisme en Nord Grande-Terre, un des points d’arrêts obligés pour les visiteurs, avant ou après la Pointe de la Grande Vigie. Ce site remarquable a d’ailleurs été choisi comme emblème de l’observatoire, en page d’accueil du site web.
Il est né de l'histoire tectonique de la Grande-Terre, lorsque que les plateaux calcaires se sont brisés et décalés le long de la Barre de Cadoue qui surplombe le lagon. Protégé par son statut de forêt domaniale du littoral, le site a été aménagé sobrement de longue date, pour l’accueil du public qui est parfois nombreux lors des week-ends de beau temps.
Outre sa configuration paysagère originale, le lagon offre un plan d’eau idyllique, très calme, qui invite à la baignade et au farniente, même (ou surtout) pour les plus petits qui y sont en sécurité. Près de la Porte d’Enfer, face à la fureur de la houle océane, le Trou a Man Coco nous conte une légende chère au cœur des Ansois.
Emmanuel BRIANT,
paysagiste
mai 2020