Point de vue n° 090
Pointe-à-Pitre, Impasse du chevalier Saint-Georges (97110)
Point de vue historique
Mots clés
Unité paysagère
Agglomération urbaine Pointe-à-Pitre/Abymes
Typologies spatiales
Espaces urbains
Thématiques
Rénovation, réhabilitation urbaine, Affichage publicitaire, signalétique, réseaux aériens
Analyse paysagère
Tabula rasa ?
Sur l’image en N&B, les tours de la Gabarre en fond s’érigent comme un véritable progrès, claires et hautes, en perspective d’une rue basse et grise, réponse pour sortir de l’insalubrité.
Aujourd’hui, ces tours sont dépréciées. Pointées du doigt pour leur vétusté, seuls leurs défauts sont observés.
Elles constituent pourtant des éléments de patrimoine. Leur situation est exceptionnelle, à l’embouchure de la Rivière salée dans le Petit-Cul-de-Sac Marin, face au grand pôle économique de Jarry.
Comment reconsidérer aujourd’hui ce patrimoine immobilier, en dehors d’une logique de table rase ?
Nota : tours réalisées par Creveaux et Tessier architectes
Aline HANNOUZ,
architecte conseil de l’Etat (ACE)
décembre 2017
Juillet 2021 - début de la phase de destruction des tours de la Gabarre
D’une rénovation urbaine de Pointe-à-Pitre à l’autre
La très belle photo de Catan en 1977 est prise dans une ruelle de la « Cité Transit » de Lauricisque, construite à partir de 1962 pour accueillir le décasement des bidonvilles du Sud-Est du cimetière afin d’y construire les cités Henri IV et Chanzy. Tout Lauricisque est alors gagné sur la mangrove de la Rivière Salée à grands renforts de remblais. Le quartier se construit progressivement au cours des décennies 1960-70, avec le quartier de Bergevin d’abord, puis le port et les Tours Gabarre, achevées en 1975. Avec leurs 19 étages et 476 logements, ce sont les plus grandes tours de Guadeloupe. Elles le sont encore aujourd’hui, mais plus pour longtemps. Vétustes et ne pouvant plus garantir la sécurité des locataires face au risque sismique notamment, les Tours Gabarre sont vides désormais, en phase de désamiantage avant leur démolition prochaine.
La Cité Transit de Lauricisque laisse à son tour la place à des logements neufs à partir de 1976. Les cases de la photo disparaissent en 1979 mais il faut attendre la décennie 1990 pour l’enlèvement des dernières cases du quartier. Face à l’impasse du Chevalier Saint-Georges s’ouvre en 1977 le collège Front de Mer dont les installations ont été plusieurs fois agrandies par la suite, au moyen de bâtiments préfabriqués entre autres. C’est l’enceinte du collège, les salles de classes et la végétation du petit jardin créole alentour qui s’interposent au premier plan du point de vue en 2016 et 2018. Déjà, les Tours Gabarre s’estompent dans le panorama, avant de disparaître totalement bientôt. Une nouvelle page se tourne ; les quartiers de la première rénovation urbaine de Pointe-à-Pitre laissent place désormais à la seconde, initiée depuis les années 2000 pour offrir un « mieux vivre ensemble » aux habitants des quartiers Ouest de Pointe-à-Pitre.
Emmanuel BRIANT,
paysagiste
avril 2020