Intentions photographiques

L'image est construite autour d’un magnifique bouquet de bambous qui trouve place à l'intersection de plusieurs parcelles de cannes sucrières. La récolte printanière est en cours. La relation plaine agricole / massif trouve à s'exprimer de belle façon par la grâce d'une puissante lumière à laquelle succèdera bien vite un grain aussi violent que furtif.
(Sylvain DUFFARD, septembre 2016)

Analyse paysagère

Saisonnalité cannière

Au détour de la RD 1, quelque part entre Prise d’Eau et le Lamentin, le panorama s’ouvre largement sur le vaste domaine cannier de Ravine Chaude / Grosse Montagne, en amont de la vallée de la Grande Rivière à Goyave. En face, les parcelles de cannes à sucre s’étendent jusqu’aux piémonts forestiers des reliefs septentrionaux de la chaîne de la Basse-Terre. La canne à sucre est ici une culture historique, ininterrompue depuis la fin du 17e siècle, véritable trait identitaire des paysages du Nord Basse-Terre. Les ruines de l’usine sucrière de Grosse Montagne, toutes proches, en témoignent.

Ici comme dans les autres grands bassins canniers de Guadeloupe, le paysage a la particularité de présenter une forte saisonnalité. Chaque année, quand vient la saison de la coupe de la canne, de vastes parcelles sont mises à nu et les vues s’ouvrent soudainement en de grands panoramas, laissant (re)découvrir tous les plans visuels cachés auparavant. La touffe centrale de bambou, qui trône au centre de la photo de 2016, est presque imperceptible en 2018, alors que la coupe a sans doute pris un peu d’avance, laissant le temps à la canne de repousser et de faire obstacle au regard.

La récolte de la canne est parfois aussi l’occasion de stimuler le sens olfactif, quand l’odeur du sucre fermenté s’élève des champs fraîchement coupés et emplit l’air du soir aux abords des usines.

Le bassin cannier de Ravine Chaude / Grosse Montagne est un paysage identitaire sensible selon l’Atlas des Paysages de l’archipel Guadeloupe et le site de la photo y est répertorié en tant que point de vue patrimonial.

Emmanuel BRIANT,
paysagiste
mai 2020

Localisation