Point de vue n° 012
Vieux-Habitants, Grande Rivière de Vieux-Habitants (97119)
Point de vue sonore
Mots clés
Unité paysagère
Territoire des grandes vallées de Vieux-Habitants
Typologies spatiales
Reliefs et massifs forestiers
Thématiques
Rivières, ravines, étangs, mares, canaux, Dynamique des espaces naturels
Intentions photographiques
La Grande Rivière de Vieux-Habitants s'écoule paisiblement en fond de vallée tandis que les derniers rayons du jour baignent pour quelques instants encore certains des mornes environnants.
(Sylvain DUFFARD, septembre 2016)
Analyse paysagère
Jeter un coup d’œil à la rivière
Les grandes vallées de Vieux-Habitants fondent l’identité paysagère du Sud de la Côte-sous-le-Vent ; une unité paysagère spécifique leur est consacrée dans l’Atlas des Paysages de l’archipel Guadeloupe. Comme dans la vallée voisine de Beaugendre, la Grande Rivière de Vieux-Habitants permet de s’enfoncer loin dans le massif forestier de la Basse-Terre, en empruntant la route sinueuse et escarpée qui serpente sur les flancs du versant Sud de la vallée. Au bout de la route, le visiteur peut découvrir le site historique patrimonial de l’Habitation Grivelière, aussi appelée « Maison du Café ».
La Grande Rivière structure tout le paysage de la vallée et modifie localement les étagements forestiers (ce qu’on appelle l’avalaison en écologie). La biodiversité y est très riche. La fraîcheur du climat de la vallée, amplifiée par la présence de la rivière, tranche avec l’aridité du climat littoral. La vallée est un paysage à part, où on vient chercher une bouffée d’air frais, profiter du calme, loin du tumulte du bourg et de la route nationale, pourtant si proches à vol d’oiseau. Le paysage de la vallée semble loin du temps, immuable, empreint de sérénité et de tradition.
La rivière et ses affluents étaient la source d’énergie motrice principale de la vallée, alimentant les roues des moulins à eau de grandes habitations coloniales. Aujourd’hui l’activité des grandes cultures a cessé et le calme baigne entièrement la vallée, pas même troublé par les efforts des membres de l’association Verte Vallée qui tentent de faire revivre le site de la Grivelière. Seuls les cris des enfants jouant dans les eaux vives de la rivière raisonnent de temps à autre au milieu des chants d’oiseaux.
Fondamentale, la rivière est pourtant discrète, profondément enfoncée entre les versants forestiers abrupts de la vallée. Le regard la cherche sans cesse mais la trouve rarement (à part ici, sur ce point de vue) et c’est souvent l’oreille du visiteur qui confirme sa présence précieuse en fond de vallée. C’est toute cette ambiance qui transparaît à travers cette photo, agrémentée de sa bande son qui donne plus d’épaisseur encore à l’image. Dommage que l’observatoire ne soit pas en « odorama » car on aurait pu saisir aussi l’odeur de l’humidité du soir, remontant du fond de la vallée.
Emmanuel BRIANT,
paysagiste
mai 2020