Point de vue historique

Analyse paysagère

Au chevet du littoral de la Grande Anse de la Désirade

Le littoral de la Grande Anse de la Désirade a bien changé depuis le début du 20e siècle. Depuis ce point de vue, à l’orée de la plage à Fanfan, juste en face du cimetière de Beauséjour, on saisit bien l’ampleur de l’anthropisation du littoral engendrée par l’aménagement du port. Point de liaison essentiel avec le reste de l’archipel, vital tant pour l’économie que pour la sécurité sanitaire et la liberté de circulation, le port de la Désirade n’en est pas moins à l’origine d’une profonde transformation du paysage de la baie.

Nettement moins essentiels et considérablement plus regrettables sont les dépôts illicites de gravats constatés en 2016 et qui tendent à s’aggraver en 2018. On peut douter que les tortues marines qui fréquentent la plage lors de la période de la ponte apprécient, pas plus que la biodiversité du lagon.

2018 a été marquée également par un épisode particulièrement intense et prolongé d’échouages massifs d’algues sargasses partout sur les côtes de l’archipel. Le port de la Désirade a été complètement bloqué, l’accumulation des algues empêchant tout départ ou arrivée de bateau. Des interventions d’urgence ont été ordonnées par les services du Département, presque en vain au vu de l’arrivée sempiternelle des sargasses. La photo de 2018 illustre l’ampleur problématique de cette situation.

Dès lors, les atteintes sur le paysage littoral du premier plan font presque oublier l’élément fondamental de la photo historique : la vue sur les pentes boisées du plateau de la Montagne, relief au combien identitaire des paysages de la Désirade, élément-repère qui rend l’île visible depuis la mer et le reste de l’archipel, quand la plaine côtière, où se concentrent l’urbanisation et l’activité socio-économique, disparaît sur l’horizon.

Emmanuel BRIANT,
paysagiste
mai 2020

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