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OPP Archipel Guadeloupe Observatoire photographique des paysages de l’archipel Guadeloupe

OPP Archipel Guadeloupe
République Française

Veille photographique de la dynamique des paysages emblématiques, exceptionnels et quotidiens de l’archipel de la Guadeloupe

Gourbeyre, Champfleury, Route de Denisse (97113)

Mots clés

Unité paysagère

Terrasses du sud

Typologies spatiales

Reliefs et massifs forestiers, Espaces ruraux

Thématiques

Dynamiques de l’interface périurbaine, Sites emblématiques et remarquables

Intentions photographiques

À la crête dessinée des Monts Caraïbes répond un peu plus bas la ligne esquissée par l’urbanisation qui, de proche en proche, remonte le vallon au lieu-dit Champfleury. Fraichement livré, un ensemble de logements aux teintes et formes standardisées vient - comme en surimpression - apposer ses motifs acidulés à l'un des sites naturels les plus remarquables de Guadeloupe.
(Sylvain DUFFARD, septembre 2016)

Analyse paysagère


Paysages de résilience

Les Monts Caraïbes offrent à l’œil des reliefs particulièrement graphiques, des ondes végétales exubérantes en vague à l’assaut du relief. Les prairies dessinent en contrebas des respirations chlorophylliennes tendres illuminant la palette des verts profonds de la forêt.

La photo d'octobre 2017 prise après l’épisode « défoliant » du cyclone Maria pourrait nous faire songer à une photo de paysage hivernal cévenole à la tombée des feuilles. La tempête a révélé en effet la fine imbrication des prairies s’immisçant entre les crêtes boisées dévalant des reliefs.

Le vallon en avant plan propose une trame végétale d’origine agricole, digne d’un paysage de bocage, chose assez rare dans l’archipel que j’ai seulement pu voir à Marie-Galante au nord de Capesterre.

Cette série photographique illustre également la grande résilience d’une nature tropicale humide où les boisements semblent avoir retrouvé toute leur vigueur après moins d’un an.

L’investissement de ces paysages mosaïque par l’urbanisation reste un exercice difficile qui ne peut souffrir d’opérations massives de logements comme on peut l’observer malheureusement dans les petites Antilles françaises. L’enjeu principal de ces opérations en matière de paysage sera de composer avec la trame agricole en place, son parcellaire historique. Le relief marqué et la gestion de l’eau torrentielle sont à intégrer dans la conception non comme des contraintes mais bien comme des atouts potentiels pour imaginer des quartiers s’inscrivant harmonieusement dans leur paysage.

Olivier VAN POUCKE,
paysagiste-conseil de l’État
juillet 2020


De l’habitat social sur les hauteurs

L’implantation d’une opération sociale faite sur la base d’une opportunité foncière conduit toujours à une catastrophe en terme d’insertion. Que le terrain soit plan ou sur un versant, le résultat est toujours navrant : une nappe de logements apparaît sans lien avec le tissu urbain alentour (lorsqu’il existe !) ni intégration au paysage. Pire, tout arbre pouvant présenter un intérêt est de toute façon rasé car il faut une plateforme libre de tout « obstacle » pour implanter au plus vite les constructions. Cette logique purement économique est préjudiciable sur le long terme tant en termes de qualité de vie que d’impact sur l’environnement.

De la même façon que le tourisme de masse en « all inclusive » n’est plus le modèle actuel, le logement social de masse est voué aussi à disparaître. L’avenir est certainement aux opérations de plus petite taille, mieux intégrées dans le tissu urbain existant et dans le paysage, plus près des centres-bourgs si ce n’est en cœur de ville, connectées aux transports collectifs et à proximité des services et commerces. Bref, il s’agit de poursuivre la ville et non de créer des îlots urbains qui ont peu coûté à l’achat mais coûtent par la suite. La vision économique à court terme est assurément obsolète, le développement durable implique une vision prospective et l’établissement d’un bilan financier sur le long terme intégrant tous les coûts induits (coût humain, coût social, coût environnemental lié à la mobilité voiture individuelle/transports collectifs, lié à l’imperméabilisation, bilan carbone lié à la déforestation…). Le rôle d’un bailleur social est certes de ne pas perdre de l’argent sur ses opérations, mais il est aussi de mettre en œuvre les politiques publiques liées au développement social puisqu’il utilise des financements publics.

De plus, construire dans la pente aurait dû favoriser la ventilation naturelle, donner une vue ouverte à tous les appartements, mais il n’en est rien : seuls les logements en première ligne profitent de ces atouts, les logements en arrière n’ont que ceux de devant comme perspective…

D’une manière générale, la pente est sous-exploitée. On peut imaginer l’habiter en la modelant en plateaux successifs et y construire des maisons serrées en restanque, le toit de l’une constituant une terrasse-jardin pour l’autre. On pourrait compacter et superposer les usages.

On note aussi que pour qu’une opération massive s’intègre quelque peu, il faut éviter l’effet de masse donc moduler les couleurs des toitures, des murs. Le quartier résidentiel en contrebas est dense mais l’usage de plusieurs couleurs pour les toitures amoindri son impact visuel dans la pente. Par ailleurs, les constructions individuelles ont conservé quelques végétations à l’inverse de l’opération sociale où aucun arbre de haute tige ne perce entre les résidences.

Jean-Christophe ROBIN,
urbaniste
avril 2020

Localisation