Point de vue n° 097
Anse-Bertrand, Campêche (97121)
Mots clés
Unité paysagère
Plateau de Sainte-Marguerite
Typologies spatiales
Espaces ruraux
Thématiques
Dynamiques de l’interface périurbaine, Infrastructures de déplacement, Industries, carrières, énergie
Intentions photographiques
Au lieu-dit Campêche, sur la commune d'Anse-Bertrand, les éoliennes ont pris place dans le paysage. Il flotte en ce lieu, ou du moins dans la représentation qui en est ici donnée, quelque chose comme une ambiance de western. Image de "village-rue", fruit d'une urbanisation linéaire. L'ambiance paisible de l'endroit - temps suspendu - est seulement troublée de temps à autres par les coups de marteau qu'assène un homme perché sur un toit de tôle et, en arrière-plan, par la rumeur continue des éoliennes fendant l'air.
(Sylvain DUFFARD, septembre 2016)
Analyse paysagère
Paysages miroirs, Paysages palimpsestes
Les paysages du nord Grande Terre sont traditionnellement marqués par les horizontales ondulant au rythme des champs canniers, ce n’est pas cette image qui nous est proposée. Le point de vue nous illustre un exemple particulièrement révélateur de la mutation de nos paysages.
La composition de la photo toute marquée de verticales suggère l’ascension et l’intervention de l’homme dans le paysage érigeant ses constructions à l’assaut du ciel, toujours plus haut.
La maîtrise de l’énergie étant sans doute la marque suprême de développement de notre époque contemporaine, elle se traduit ici par l’émergence des éoliennes, l’éclairage routier et les réseaux aériens omniprésents. L’automobile reine et le container modulaire standardisé, érigés en symboles de la mondialisation occupent l’espace victorieusement. La Guadeloupe est entrée dans l’aire moderne et ses paysages révèlent les évolutions sociétales dans toute leur intimité.
Le paysage dans ce sens n’est que le miroir de notre époque et n’est pas statique, il n’est ni beau, ni repoussant, mais tout simplement à l’image de notre mode de vie. L’enjeu pour nous est d’en prendre conscience et de prendre soin de nos paysages en les considérant comme un bien commun, précieux, dans lequel il faut intervenir avec respect et recherche d’harmonie. Le paysage ne peut se résumer à être le réceptacle insensible de nos actions. Il est l’héritier d’une histoire ancienne, sédimentation progressive qu’il s’agit de respecter et d’enrichir de nos apports contemporains, couche après couche.
Olivier VAN POUCKE,
paysagiste-conseil de l’État
juillet 2020
Ruralité et développement durable
L’entrée de la section de Campêche depuis la départementale est quelque peu déséquilibrée : des maisons entretenues sont implantées sur la gauche de la route, tandis qu’à droite se dresse un front bâti interrompu et comportant une maison individuelle qui peine à sortir de terre ; au loin un champ d’éoliennes d’ancienne génération.
Là encore une réflexion sur la transition entre espaces naturels et/ou agricoles et sections urbanisées serait pertinente pour éviter cette juxtaposition assez violente dans le cas de Campêche.
Les éoliennes ont été implantées à distance réglementaire des habitations, pour autant elles sont ressenties comme une nuisance par ces derniers qui se plaignent du bruit, des sifflements…Pour certains elles sont une agression permanente, y compris la nuit.
Jean-Christophe ROBIN,
urbaniste
mai 2020