Intentions photographiques

Bien que légèrement décentrée sur la droite de l'image, l'effet de symétrie (de césure) engendré par le dispositif signalétique est l'élément qui a ici déclenché la vue.
(Sylvain DUFFARD, septembre 2016)

Analyse paysagère

Ici tout se passe ailleurs.

Volets fermés et palissades de tôle font échos aux panneaux. Le centre-ville est fléché ailleurs.
Les cases de bois décolorées se désagrègent, elles alternent avec des terrains vacants.
Des routes occupent le premier plan, la nature bloque l’arrière-plan, les fils électriques strient le ciel.
Dans cet environnement d’un autre temps, un passant est suspendu au panneau « stop ».
Pas d’ombre à ce carrefour où l’on s’arrête le temps de se laisser guider.
Les anciennes occupations de l’espace sont-elles obsolètes ? Comment peuvent elles muter au regard des usages actuels du territoire ?

Aline HANNOUZ,
architecte conseil de l’Etat (ACE)
décembre 2017

Une scénographie à inventer pour la « sortie de ville » du bourg de Pointe-Noire

En Côte-sous-le-Vent, la route coloniale historique qui irriguait, seule, le bourg de Pointe-Noire en 1950 (voir photo aérienne ci-dessous), est rapidement devenue trop étroite pour permettre un flux automobile moderne à double sens. C’est pourquoi son tracé a été dédoublé dans le bourg : le sens de circulation Sud-Nord (de Basse-Terre vers Deshaies) passe ainsi par la Rue Baudot, sur les hauteurs du bourg, en parallèle de la Rue de la République qui assure la circulation Nord-Sud de la RN 2.

Cette configuration n’est pas exceptionnelle : d’autres bourgs partagent cette réalité (Deshaies, Trois-Rivières, Capesterre Belle-Eau, etc.). Mais il est plus rare que les deux sens de circulation se rejoignent au niveau d’un stop, et c’est ce qui est à l’origine de cette impression étrange quand on circule dans le bourg de Pointe-Noire, apte à désorienter un peu l’automobiliste néophyte qui se demande soudain où il est et où il doit aller.

Cette originalité de voirie crée un temps d’arrêt sur le parcours de la voiture, occasion rêvée pour une perception différente du paysage de la ville. Hélas, cette occasion est gâchée ici : alors que la perspective pourrait s’ouvrir sur la mer qui n’est qu’à 150 m, le regard est bloqué par une palissade de tôles accompagnée d’un cortège de panneaux directionnels et de panonceaux commerciaux. Les jolies maisons traditionnelles en bois sont hélas fermées et leur état se dégrade. On pourrait pourtant imaginer ici une belle venelle piétonne menant au bord-de-mer, profitant de la fraîcheur de la « nature en ville » qu’on devine généreuse en arrière-plan ; avec, en plus, un lifting du mobilier urbain et routier et une remise en activité des cases riveraines, on aurait là une toute autre scénographie de la sortie du bourg de Pointe-Noire.

Emmanuel BRIANT,
paysagiste
mai 2020

Localisation